Les opinions superflues du Professeur Chauder

Mr Edward, bien sûr, ravi de vous revoir, et toute ces sortes de choses. Où en sont vos projets divers et variés, cinéma, roman, femme mûre?
En deuxième année, si je ne m'abuse, à moins qu'attiré par les charmes (n'a-t-elle pas laissé entrevoir qu'elle était "plantureuse"?? C'est curieux comme certains adjectifs, bien utilisés, peuvent allumer l'étincelle de l'intérêt dans la pupille la plus éteinte? Plantureuse, arachnéenne, turgescent…) de Miss Demaal (la fleur Demaal?) vous ne préféreriez redoubler? Quoi qu'il en soit, prenez place, ou plutôt non, en attendant la rentrée, allez donc me quérir quelques flacons de blanc, je sens que je vais en avoir besoin…

Bien. Aux questions de la petite, à présent.

La littérature. Sans nul doute, des considérations littéraires sont les bienvenues. Comme le sont des observations artistiques en général, peinture, sculpture, photo, cinéma… A l'époque, si proche et pourtant si lointaine de la splendeur du forum français, il existait même des ficelles portant sur ces différents sujets. Mais restons groupés pour le moment, voulez vous? Lorsque, sous l'impulsion magnifique et la dynamique voluptueuse insufflées par votre serviteur, le forum aura repris sa grandeur passée, il sera toujours temps de ranimer de vieilles flammes.
A noter que, envisageant les plaisirs de la vie et de la chair sous toutes leurs formes, des références culinaires et œnologiques sont les bienvenues. Mr Edward, pour le blanc, un Château Couhins Lurton 2001 fera l'affaire. Nous garderons le Sauternes pour un medianoche avec Miss D… (Accompagné comme il se doit, d'une compotée de figues fraîches et de pain d'épices grillé).
Quant à savoir s'il est nécessaire de lire certains textes, la réponse est mitigée… Il peut arriver, au hasard d'une discussion, qu'une ou l'autre référence soit citée. La plus élémentaire des courtoisies voudra qu'elle soit accompagnée d'un lien permettant d'en prendre connaissance in extenso. Mais, étant en la matière partisan de la méthode Monter-Souris, nous privilégions les travaux personnels – surtout lorsqu'il s'agit de travaux manuels – à l'exégèse des auteurs illustres ou non.

Votre seconde question, ensuite… Là aussi, ma volonté d'effacer toute trace de mon passage me fait regretter d'avoir supprimé les passages que j'avais consacrés à la question. Mais on ne se refait pas, on ne peut pas être et avoir été, et toute ces sortes de choses. Plaisir d'offrir, joie de recevoir, donc. Ou comment deux êtres qui se dédient au(x) plaisir(s) d'autrui peuvent trouver la voie qui les conduit à leur plaisir propre. Ou, formulé différemment, comment, en niant son propre plaisir, peut on trouver son vrai plaisir?
Je serai tenté de répondre en deux parties, comme je l'ai appris à la fac, mais d'une part je suis trop fatigué, et d'autre part le pourcentage de produits de distillat d'orge est trop important dans mon sang pour que je tienne, au-delà de cette limite, un propos censé.
Quoi qu'il en soit, et dusse la virginité immaculée de ma toge magistérielle en souffrir (et Dieu sait que, concernant la virginité, ma toge et le reste en ont vu d'autres….), oui, Miss Demaal, vous avez dix fois, vous avez cent fois, vous avec mille fois raison. Le plaisir ne vaut que si on le donne. Gratuitement, sans espoir de retour, sans coupon-réponse, sans port dû. Le plaisir se donne, gratuitement, généreusement, de façon désintéressée, altruiste, généreuse et quasi-bénévole. Quel celui qui n'a jamais plongé, l'âme inquiète et le cœur léger, entre deux cuisses offertes me jette la première pierre. Sans jamais, l'espace d'un moment, se demander si pipe succéderait à minette; bien sûr.

Oui, Mademoiselle, vous avez, sous couvert d'une question qui pudiquement cache vos états d'âme, mille fois, cent mille fois raison. Donnez, donnez à découvrir, à déguster, à défricher (pour peu que vous soyez naturophile ou hirsutophile), à parcourir, à savourer, à… les mots me manquent, pour plus de clarté, voyez figures a) et b) du manuel de l'élève du cours Chauder. Du manuel de l'élève féminine du cours Chauder, bien sûr. Non que je sois attaché plus que de besoin à l'hétérosexualité, mais bon, on a sa fierté ou on ne l'a pas, et toutes ces sortes de choses.

Ceci dit, et nonobstant ma volonté de bien faire, oui, vous avez raison. En réalité, non, vous n'avez pas raison, c'est juste que (a) je penche du côté que vous voulez bien tomber et (b) je ferai n'importe quoi pour m'attirer les grâces de vos charmes que vous annoncez comme plantureux. Et je ne sais pas résister à quoi que ce soit de plantureux, d'arachnéen, de turgide ou de boursouflé.

Un silence pesant s'installe dans l'amphithéâtre. Sous le regard intéressé (de Mr Edward) et concupiscent (de Melle Demaal), Chauder se ressert une fois de trop un verre de blanc.

Et se dit que, 'tin de bordel de merde, la solitude n'est décidément pas un plat qui se déguste en société. Surtout si (note du blanchisseur), elle s'accompagne d'une pointe de paranoïa quand à l'identite de la plantureuse Demaal, laquelle serait bien avisée de m'envoyer rapidement un PM destiné à infirmer la dite paranoïa... -non, ce n'est pas un moyen détourné d'obtenir les faveurs de la voluptueuse enfant: si j'eus voulu qu'elle m'envoie une photo de ses charmes opulents, je l'eus demandée de façon plus directe. Mais son apparition étant concumitante avec la résurgeance d'un ancien fantôme, je reste méfiant...
 
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Ce n'est pas la quantité qui compte, mais la qualité….

Encore que, si Mr Edward pouvait nous laisser seuls un moment, disons, le temps de relire les 120 journées de Sodome, l'Histoire de l'œil et Oui-Oui et la gomme enchantée, je pourrais ainsi donner quelques cours de rattrapage à Melle Demaal… avec travaux pratiques, explications des gravures et le toutim…

*soupir nostalgique à l'évocation de la figure 35bis, ma préférée…*

Bien… Revenons un instant sur ce que je viens de lire… Que de complications… Tu jouis? Non, toi d'abord. Je t'en prie, je n'en ferai rien. Pardon, pardon, les dames d'abord, question de galanterie… Que de conversations passionnantes, une fois la chandelle éteinte (Je préfère la chandelle à l'éclairage électrique, pour ces activités-là. Ne serait-ce que pour les possibilités qu'elle offre, lesquelles sont infiniment supérieures à celles de l'électricité. Sauf si l'on est claudefrançoisophile)… Tu as aimé? Non, et toi? Pas plus… On fera pire la prochaine fois.
Oui, je me moque, et vous m'en pardonnerez d'avance, d'une part parce que je suis le prof et vous l'élève et d'autre part parce que j'ai toujours raison. Et vais vous prodiguer un conseil gratuit. Prenez avant de recevoir. Jouissez sans attendre. Comme l'a si judicieusement écrit le célèbre philosophe chinois de l'époque T'ang (618-907 A.D) Fouh-Danl-Kû: Le feu met un certain temps à faire bouillir l'eau, autrement dit, le Daniel en question finira bien par se raccrocher aux branches une fois que vous aurez grimpé aux rideaux. Et d'autre part, votre vie aventureuse sur les sentiers tourmentés et glissants de la volupté vous fera, hélas pour vous, rencontrer plus souvent qu'à votre tour des compagnons de jeux qui à peine partis chercher leur parapluie reviendront parce qu'ils auront oublié leur mouchoir. Et dire que ce sont, paraît-il, les meilleurs qui partent les premiers…

Que dire à propos du 69… Si ce n'est que, pas plus aujourd'hui qu'hier, cette figure n'emporte mes suffrages. Donner et recevoir en même temps requiert trop de capacités d'attention, de concentration, qu'à force soit on perd le fil de ce que l'on est en train de faire (et dans ce cas, on a connu des cas moins graves de rupture que l'interruption de solo tyrolien en pleine ascension de la face interne des grandes lèvres), soit on ne se concentre pas assez sur la réception pour l'apprécier pleinement. Et dans ce cas également, ne pas apprécier à leur juste valeur les efforts de la demoiselle qui se distend les commissures autour de votre axe de rotation (Oui, du moins, avec moi il y a distension des commissures. Venez vérifier si vous ne me croyez pas: htpp://www.huge_enormous_monstruous_dicks.com/the_largest_ever/chauder.jpg), est pareillement un cas de rupture. Et pas que des commissures, croyez moi.

Mais sans doute cela tient-il du fait que les hommes, contrairement aux femmes, sont depuis la nuit des temps, mono tâches. Oui, depuis l'époque, pas si lointaine lorsque je contemple d'un regard blasé certains de mes contemporains, où ces dames restaient auprès du feu, à l'entrée de la caverne, surveillant d'un œil la cuisson du cuissot de mammouth, de l'autre l'abondante progéniture qui jouait paisiblement à saute-dino et du troisième la venue du vaillant chasseur. Lequel ne savait faire qu'une chose à la fois: chasser, regarder le foot sur le câble ou boire avec les potes.

A ce propos, elle vient cette bière oui ou merde? Encore que, Américaine comme vous l'êtes, il doit s'agir d'une pisse d'âne façon Budweiser ou Schlitz...
 
En attendant la reprise des cours… quelques propos emprunts de nostalgie, de tendresse et de désir pour la dernière exposition que j'ai vue, une cinquantaine des 2 200 et quelques photos prises par Bert Stein lors de ce qui allait devenir les deux dernières séances de pose de Marilyn Monroe.

Un peu d'histoire… Nous sommes en 1962. Bert Stein, photographe pour le magazine Vogue, propose de réaliser une série consacrée à Marilyn. La star accepte, ils se rencontrent une première fois dans un hôtel de Los Angeles, elle n'a que 5 heures de retard… Ils sont seuls tous les deux, l'éclairage est limité à quelques boîtes à lumière. Elle boit, lentement se libère, et accepte de poser presque nue, le torse caché derrière la transparence de foulards de couleur ou le clinquant de bijoux fantaisie qu'il a apportés avec lui. Vogue trouve les photos magnifiques, mais trop dénudées pour être publiées. Une seconde séance a lieu, quelques semaines plus tard. Une séance classique, robes couture, maquilleurs, coiffeurs, assistants de tout poil. Mais Stein a une autre idée en tête… il veut Marilyn nue, entièrement nue. Il renvoie tout le monde, se retrouve seul à nouveau avec elle. Lentement, il l'amène à se dévoiler, nue sous les draps, puis nue, entièrement… A la fin de cette interminable session, elle s'endort, vaincue par la fatigue et l'alcool.
Elle a demandé, ensuite, à voir les négatifs, et a marqué à jamais d'une croix à l'encre rouge ceux qui ne lui plaisaient pas.
La série "habillée" a été publiée par Vogue deux jours après sa mort…

D'un point de vue artistique, esthétique, certains clichés ne valent que par leur modèle, sa légende, sa beauté… certains sont des merveilles de composition, lumière, cadrage… (je pense en particulier à la série des colliers).
Mais d'un point de vue émotionnel… quelle charge à la fois sensuelle, triste, fière, charnelle et sensible… Avec quel talent Stein a capté le regard de la star, sex symbole fragile… (là, désolé, j'ai un peu l'impression d'enfiler des … clichés…). Sur plusieurs images, elle montre sans pudeur la cicatrice qu'elle porte à l'abdomen, suite à une opération subie quelques mois auparavant – l'ablation de la vésicule biliaire (les stars ont-elles une vésicule biliaire? Autant imaginer Greta Garbo ayant la dysenterie et Humphrey Bogart souffrant de coliques néphrétiques…). Une cicatrice que j'ai eu envie, tout au long de l'expo, d'embrasser, tendrement, chastement… enfin, chastement… comme un symbole de sa fragilité (bis) qui a fini par la vaincre…

Une des plus belles photos, que vous pouvez voir en attachement (elle est vraiment très petite), représente le reflet de Marilyn, couchée et Stein, assis à côté d'elle. Au premier plan, contre le miroir, une bouteille de vin et une paire de chaussures blanches à talons hauts. Stein tient devant son visage son appareil photo. Son autre main semble planer au dessus d'elle, comme un menace, un vampire; impression rendue plus forte par le flou des contours induit par le contre jour… Que de symboles dans une seule image, l'appareil photo devant le visage comme obstacle à la réalisation du désir et comme justification de la nudité (comme pour les peintres qui représentaient des déesses à défaut de pouvoir représenter des femmes); les escarpins à talons hauts, qui rendent les femmes si fortes tout en les empêchant de marcher librement; le vin…

Le catalogue de l'exposition reprend les commentaires de Bert Stein sur la façon dont les séances se sont déroulées, son désir… Dommage qu'il n'en existe pas de version bilingue, la traduction est plate, à plusieurs reprises.

Si vous ne pouvez aller voir l'exposition (les photos appartiennent à un couple de collectionneurs de New York, il est donc possible qu'elles soient exposées à un moment ou à un autre de l'autre côté de la mare aux canards). A défaut, vous pouvez en trouver de nombreuses reproductions sur google image google image

Marilyn Monroe, The last sitting. Photographies de Bert Stein, au musée Maillol jusqu'à fin octobre.

N'y allez que pour ça... le reste du musée ne vaut pas qu'on s'y déplace, ni la poignée d'euros que coûte l'entrée. A moins que vous ne soyiez fan des oeuvres de Camille Bombois...
 

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Je fais réponse à votre honorée du 22 courant, et vous prie d'excuser le retard avec lequel j'y réponds. Diverses tâches m'ont en effet tenu éloigné de la chaire (et de la chair, par la même occasion) et m'ont empêché de consacrer le temps nécessaire à la rédaction d'une réponse digne de ce nom. Parmi lesdites tâches, on notera la dégustation d'un Clos de Vougeot Premier cru 2002 (à laisser vieillir encore un temps), la lecture d'un excellent roman de Philippe Claudel, Les âmes grises, que j'avais raté à sa sortie (Prix Renaudot en 2003) et la rédaction de quelques lignes futiles mais qui me font du bien et font plaisir.

Les lecteurs réguliers de cette chronique noteront que le Prof. a bien changé. Il fut un temps où il ne se serait pas encombré d'excuses. Il serait arrivé dans l'amphi, aurait balancé son cartable sur le bureau, en aurait sorti une bouteille de blanc et, avachi sur son fauteuil(1), aurait commencé son cours.

Avant de répondre à votre question, comme toujours pertinente, subtile, pénétrante et ébouriffante (2), j'aimerai revenir un instant sur ce commentaire juste, fin et frappé au coin du bon sens (3) que vous fîtes dans votre contribution précédente:

L'idée de l'acte est plus intéressante que le faire

Cette phrase m'a laissé un instant songeur.
Rapidement, d'autres exemples que le 69 me sont venus à l'esprit. Différents aspects du BDSM me fascinent et m'intriguent et pourtant, aimerai-je rester deux heures, sous une pluie battante, attaché au tronc d'un arbre simplement vêtu d'un porte-couilles en latex?

Nous nous forgeons tous, plus ou moins consciemment, une représentation de l'acte sexuel et de ses variantes. L'adolescent boutonneux qui se pignolle en feuilletant d'un index collant un vieux numéro de Gros Seins mag en rêvant à la cravate de notaire (dog in a blanket, pour les anglophones peu au fait des subtilités de l'argot françois) aura-t-il la même idée une fois qu'il aura réalisé son fantasme avec la fille du garde-barrière? La sodomie en fait fantasmer plus d'un, et pourtant réalise-t-on, avant de réaliser ce fantasme, qu'un minimum de préparation est nécessaire pour éviter une situation gênante pour les deux participants? (sans compter que l'on risque de se retrouver avec une surtaxe de blanchisserie pour peu que l'on fréquente l'hôtel du Pou nerveux).

Quoi qu'il en soit, chère Melle D., sous cette phrase en apparence anodine se cachent des trésors de réflexion et de profondeur (4).

La question du jour, à présent. L'équilibre entre beauté intérieure et extérieure. D'un point de vue masculin, s'entend.

La réponse qui me viendrait immédiatement à l'esprit serait de dire, mais oui, c'est la beauté intérieure qui compte. La beauté extérieure, ça ne se mange pas en salade, et la plus belle fille du monde ne vaut pas grand-chose si son QI ne dépasse que les jours de grand frais celui de l'huître. Mais non, chérie, tu n'as pas grossi, c'est juste ces rayures qui te donnent cette impression.

Bien sûr, bien sûr. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai l'impression que personne ne me croit, sur ce coup là.

Plus sérieusement, distinguons deux cas. S'agit-il d'un 5 à 7 torride dans une chambre d'hôtel ou d'une histoire plus longue, plus durable, impliquant autre chose que l'attirance fugace de deux épidermes?

Dans le premier cas, ma foi, la beauté intérieure, on n'y attache pas plus d'importance que de savoir si la donzelle serait capable de réciter le Bateau ivre. L'important, c'est qu'elle ait un beau cul, une bouche à sucer des glaçons et une paire de seins à damner un saint.

Dans le second, force est de reconnaître que la beauté intérieure compte. Avec une importance variable proportionnelle, je crois, avec celle du partenaire. Un ahuri de base sera sans doute moins tenté par une personne à l'âme fragile comme la rosée du matin sur l'aile diaphane d'un papillon (oui, comme vous, Melle D.(5)) que l'intellectuel sensible, tel que votre serviteur, qui cache sous son allure bourrue et sa trogne burinée au blanc sec ne le sera.

Maintenant, tout est une question d'équilibre, de proportion. Si une charmante personne telle que celle-ci (voir figure a ) est capable à la fois de commenter intelligemment le Tractatuus logico-philosophicus, de pratiquer sans fausse note un solo de clarinette baveuse et de monter un mayonnaise même les mauvais jours, bravo, je serai le premier à m'inscrire sur la liste d'attente. La réalité est souvent autrement nuancée, contrastée. Équilibre, comme je l'ai dit plus haut, mais peut être aussi concessions.

SI vous me permettez un souvenir personnel, j'ai été terriblement attiré, il y a longtemps, tant physiquement qu'intellectuellement, par une jeune femme artiste. Elle dessinait d'un trait souple et précis, souvent à la sanguine. Je l'ai rencontrée à l'occasion du vernissage d'une exposition de nus féminins qu'elle avait réalisés. Ses modèles, toujours représentés de dos, avaient une grâce, une beauté que seule peut donner la connaissance personnelle de son propre corps. Bref, elle avait du talent, elle avait un visage rayonnant, elle avait des yeux bleus qui me laissaient rêveur. C'est à partir de la taille que se situait le problème, si j'ose dire. Elle ne marchait qu'avec d'énormes difficultés, certains jours elle ne pouvait de déplacer qu'en fauteuil roulant, au prix d'atroces souffrances. Où se place la beauté intérieure, la beauté extérieure? Dans quelles proportions son talent d'artiste a-t-il joué dans mon attraction pour elle? Aurai-je été attiré par elle si elle n'avait pas été artiste? Autant de questions auxquelles je n'ai pas de réponses.

Vous m'objecterez que beauté et handicap sont deux choses différentes, sans doute avec raison. J'avais juste envie de vous parler de ce souvenir. J'ai bien le droit, non?

Sur ce, mes enfants, je me retire, non sans remercier une fois encore Melle D. pour la profondeur et la pertinence de vos propos. Et pour la beauté des vos jambes (6).




_____________
(1) Pour mieux mater sous le sarong de Miss Demaal. Note perfide de la Surveillante générale.
(2) Chauder mériterait d'être rayé du corps enseignant pour ce comportement révoltant envers les étudiantes. Note indignée de la Surveillante générale.
(3) Le conseil de discipline se réunira jeudi prochain à 18 heures, salle Pauline-de-Réage, pour juger du cas Chauder et des sanctions à prendre à son encontre. Note satisfaite de la Surveillante générale.
(4) La date du conseil de discipline est avancée de deux jours. Note courroucée de la Surveillante générale.
(5) La séance du conseil de discipline devant statuer sur le cas Chauder est supprimée. Celui-ci sera remplacé par une exécution sommaire à l'arme blanche. De préférence rouillée. Note vengeresse de la Surveillante générale.
(6) Urgent. Recherche tueur à gages, discret, efficace. Savoir manier la baïonnette rouillée serait un plus. Faire parvenir vos offres à la Surveillante générale.
 
Le grand amphithéâtre aux murs lambrissés de palissandre était désert. Le soleil d'automne, inattendu après ces interminables semaines de pluie, allumait de ci, de là des lueurs tremblantes d'ambre et de pourpre dans les vitraux côté couchant, tandis que côté levant, l'obscurité gagnait déjà, effaçant comme à regret les images figées dans le verre qui les ornaient. Minuscules soleils, des grains de poussière volaient dans les rayons obliques, dessinant des paraboles compliquées qui personne ne chercherait jamais à déchiffrer…

Au dessus de l'estrade, immobiles et immuables, les statues de Bacchus et d'Aphrodite, que le maître déchu avait choisies comme déités tutélaires contemplaient le morne spectacle d'une salle où naguère encore résonnait le rire frais de jeunes filles épanouies, de jeunes gens vigoureux et du rire puissant du professeur, rire qui s'éteignait en cascade catarrheuse lorsque, atteint par l'abus d'alcool et de tabac, il se pliait en deux sur sa cathèdre, sans que ses élève indifférents ne puissent savoir s'il s'agissait de rire ou de larmes. Mais, à y bien réfléchir, rires et larmes ne sont-ils pas, de la naissance à la mort, les deux faces de cette pièce biaisée qu'on appelle la vie?

Un grand silence baignait la pièce, un silence d'une qualité presque palpable, comme lorsque les lampions de la fête s'étaient éteints, les derniers invités du bal partis, et que flotte encore dans l'air l'écho distant d'un violon enfiévré, le rire cristallin d'une beauté en robe de nacre, la détonation d'une bouteille de champagne qui éclate…

Sur une table, près de la chaire, un sarong défait gisait, oublié, relique d'une dernière bacchanale, jetant sur le chêne sombre un flaque de lumière et de sang. Plus loin, un livre abandonné comme rejeté par la mer ingrate était resté ouvert. On pouvait y lire:

La jeune fille, assise dans le fauteuil du barreur, se laissait aller à la douceur d'être sur l'eau. Elle se sentait prise d'un renoncement de pensées, d'une quiétude de ses membres, d'un abandonnement d'elle-même, comme envahie par une ivresse multiple. Elle était devenue fort rouge avec une respiration courte. Les étourdissements du vin, développés par la chaleur torrentielle qui ruisselait autour d'elle, faisaient saluer sur son passage tous les arbres de la berge. Un besoin vague de jouissance, une fermentation du sang parcouraient sa chair excitée par les ardeurs de ce jour ; et elle était aussi troublée dans ce tête-à-tête sur l'eau, au milieu de ce pays dépeuplé par l'incendie du ciel, avec ce jeune homme qui la trouvait belle, dont l'oeil lui baisait la peau, et dont le désir était pénétrant comme le soleil.

Dans une série de cadres dorés, aux sculptures tourmentées comme pâtisseries crémeuses, les photos jaunies par le soleil de tant d'étés, par les larmes de tant d'hiers, des élèves des années précédents, Pixie, Didi, Dia, Magalie, Sim, Sly…représentées dans leurs plus beaux atours, dentelle pastel, voiles arachnéens, bas fumés légers comme fumée de Havane… voisinaient avec les représentations de ceux qui furent les auxiliaires précieux du Maître abandonné; Mr Edward, la queue dans une main, la caméra dans l'autre; Buro, hésitant entre le Beychevelle 95 et le 96… Même la petite dernière, Miss Dee, avait droit à son portrait dans la galerie de gloires du Cours Chauder…
Abandonnées comme autant d'épaves, des fillettes de blanc, et pas du meilleur, gisaient, éparses, au pied de la chaire, certaines encore debout, d'autres couchées comme rangée de fantassins abattus par la mitraille…

Pourtant, la salle n'était pas entièrement vidée de vie, un bourdonnement, une rumeur éteinte et sourde, bourdon prisonnier d'une geôle de verre, avion volant dans le ciel lointain vers une destination inconnue, se faisait entendre, brisant le silence lourd qui pèse sur l'amphithéâtre, couvercle de plomb, cercueil d'ébène…


C'est Chauder qui ronfle, avachi derrière son bureau, la toge tâchée de vin, la braguette défaite…. Dans un râle presqu'inaudible, il geint, il pleure, il tremble… Dans sa main serrée, il tient encore, froissée, baignée de sueur et de larmes amères, la photo palie d'une femme très belle et très triste. Sa bouche forme des mots inaudibles, comme si sa raison, emportée par trop de tristesse, par trop de verres, par trop de ciels gris… Ses yeux, enfoncés au plus profond de ses orbites, naguère rieurs et charmeurs, semblaient voir au-delà du monde, au-delà des apparences, perdus dans un ailleurs où les joies et les peines n'existent plus…. Dans un effort qui tord sa carcasse brisée, il parvient à murmurer…


Alors, ce pinard, ça vient oui ou merde???



Note du Rectorat: Si seulement Chauder voulait mettre la moitié de l'énergie qu'il met à écrire ce genre de conneries sans queue ni tête à des tâches sérieuses (rédiger des notices bibliographiques, rendre ses dossiers en retard, payer ses impôts, aimer une femme, planter des arbres…), il serait déjà à l'Académie française. Au moins.
 
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Avec une rapidité qui eut fait pâlir d'envie le grand Houdini lui-même, avec une aisance qui eut ravalé le Duc de Saint-Simon au rang du dernier des gougniafiers tout juste sorti de sa tourbe provinciale, Chauder, le grand, l'inénarrable, l'imputrescible Chauder changea d'apparence.
En un tourne main, sa toge tachée de vomi et de jaune d'œuf disparut, remplacée par un élégant costume Kenzo anthracite, agrémenté d'une ravissante chemise Polo by Ralph Lauren d'une blancheur immaculée. Pas de cravate, non, le col ouvert sur sa poitrine velue qui fait se pâmer les femmes et trouble les hommes. A ses pieds, des Richelieu Lobb en box clair, double semelle, lustrées avec un soin maniaque.

Ses yeux, naguère vitreux et baignés de larmes étaient à présent clairs, riants comme au premier jour, avec au coin de la pupille cette étincelle, cet éclat qui avaient fait sa renommé et qui, des salons feutrés du Waldorf Astoria jusqu'aux alcôves des suites du Ritz, constituaient sa marque de fabrique. Ses doigts, tremblants il y a encore quelques instants tels rameaux tourmentés par les affres du delirium et d'Alzheimer réunis, avaient recouvrés cette sûreté, cette agilité qu'on évoquait à mots couverts dans les salons du noble faubourg comme dans les soirées branchées de la 5e Avenue. Une agilité mouillante, celà va sans dire.

Les oeuvres reliées de Maupassant (bravo à Melle demaal pour avoir reconnu l'extrait cité ci avant) avaient retrouvé leur place, voisinant avec Point de lendemain et Gamiani. Il y a des voisinages plus déshonorants. Entre Les particules élémentaires et The claiming of Sleeping Beauty, par exemple.

La reliure du Maupassant rebiquait, cependant, comme gênée aux entournures… Une photo jaunie par le temps, gondolée par l'humidité ou les larmes, empêchait les pages de se fermer complètement. Nul ne saura jamais ce qu'elle représente, car si Chauder cite avec plaisir, il reste secret sur ce qui l'attriste parfois, sans autre raison qu'une infime variation dans l'air, une minuscule dissonance dans l'ordonnancement fragile de sa vie. La lettre de Melle Diamantine l'avait fait sourire… Sur la Lune, vraiment. Quelle drôle d'idée.

Partant du principe qu'il faut mordre le chien qui t'a mordu, il ouvrit une bouteille de Manzanilla qui avait échappé par miracle au massacre. D'un signe de tête, Melle demaal lui fit comprendre qu'un verre roboratif ne lui ferait pas de mal, à elle non plus.

Tandis qu'un rayon de soleil jouait avec le liquide ambré, il eut une pensée pour la centaine d'anonymes qui, de temps en temps passaient la tête ou le reste par la porte de l'amphi pour écouter ses péroraisons.

Ces préliminaires achevés, il se racla la gorge et, d'une voix rauque, entreprit la lecture du jour:

Les hommes sont bizarres dans leurs désirs, ils seraient fâchés de devoir à notre facilité des plaisirs qu'ils ne peuvent pourtant pas goûter sans nous. Leur jalousie les indispose contre tout ce qui ne vient pas d'eux-mêmes, ils veulent qu'on ne leur présente les objets que recouverts d'une gaze légère qui laisse quelque chose à faire à leur imagination, et les femmes n'y perdent rien, elles peuvent se reposer sur l'imagination des hommes du soin de peindre leurs charmes : libérale pour ce qui flatte, elle ne les peindra pas à leur désavantage. Tu ne sais pas que c'est cette peinture que les hommes se font qui fait naître leurs désirs, ou l'amour, c'est la même chose. Car quand on dit : «Monsieur est amoureux de Madame», c'est la même chose que si l'on disait : «Monsieur a vu Madame, sa vue a excité ses désirs dans son coeur, il brûle d'envie de lui mettre son vit dans le con.» Voilà véritablement ce que cela veut dire. Mais comme la bienséance ne veut pas qu'on dise ces choses-là, on est convenu de dire : «Monsieur est amoureux.»

La vie reprenait son cours, comme avant...
 
Mlle Sim s'avance et ouvre la porte de l'auditorium, attirée par les voix et la lumière qui filtre sous la porte... Elle se sourit à elle-même "Tiens, tiens... le maître a repris les cours et on dirait bien qu'il a la forme!" Elle jette un coup d'oeil aux étudiants qui peuplent les bancs, il s'y trouve des visages connus et d'autres qu'elle voit pour la première fois.

Sans faire de bruit elle referme doucement la porte et se dit qu'elle trouvera peut-être le temps de venir assister en tant qu'auditrice libre au cours de temps à autre...
 
Melle Sim, bien sûr, quelle bonne surprise....

Comme vous le constatez, le cours est très dépeuplé, et très irrégulier. C'est la vie (en français dans le texte), que voulez vous...

Au plaisir de vous revoir prochainement, et mes amitiés à Buro...
 
chauderlos said:
Melle Sim, bien sûr, quelle bonne surprise....

Comme vous le constatez, le cours est très dépeuplé, et très irrégulier. C'est la vie (en français dans le texte), que voulez vous...

Au plaisir de vous revoir prochainement, et mes amitiés à Buro...

Buro a les mains accaparées par la suite no.3 de Bach mais il vous salue bien bas! C'est qu'entre ses deux amantes, l'autre c'est la guitare bien sûr, il a les mains pleines!

Quant au cours dépeuplé, ce n'est pas la quantité mais bien la qualité qui compte non? Et, ma foi, vous m'avez l'air d'avoir ici des pupilles bien doués!
 
Merci, Melle Sim', merci. Et félicitez votre camarade de jeux pour ses excellents choix, tant musicaux qu'érotico-affectifs… Bach occupe souvent mon esprit, ces temps derniers (d'ailleurs, ma mère me répétait à l'envie: Passe ton Bach d'abord...).
Et, si j'en crois le nombre de lecteurs, qui ne cesse de croître (555 dans les dix derniers jours…), je me dis que les auditeurs libres, trop timides ou discrets à l'extrême, sont nombreux. Notez que, comme vous le soulignez très justement, je ne me plains pas de ma dernière… recrue….
Mais le nombre ne serait pas fait pour me déplaire (vieux fantasme de partouze, ou de harem, sans doute…).

Mais revenons à notre propos.

Je suis prêt à beaucoup, sinon à tout. Discuter des avantages respectifs de la bouche suceuse et du vagin vibrant. Disserter sur l'urophilie. Tenir des propos dithyrambiques à propos des seins de Sophie Marceau (même si Souchon l'a fait avant moi, et avec plus de talent encore). Vous aider à trouver votre point G, ou celui de votre voisine. Faire le panégyrique de la bisexualité. Comparer, illustration à l'appui, les différentes variations épilatoires. Rédiger une apologie du Sainte Croix du Mont (1995, une merveille). Discourir sur vos seins, leur charme et leurs vertus. Vous parler des perversions de Bataille (ou des miennes si cela vous fait plaisir). Vous chanter les louanges de la fellation du matin. Déterminer en quelques lignes si l'Origine du monde serait mieux sans les poils. Faire l'exégèse des œuvres libertines du XVIIIe siècle. Vous montrer mon cul, si cela vous chante.

Et tout ça en public, s'il vous plait.

Mais vous parler d'amour, jamais. C'est obscène et indécent.
 
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Malgré l'attachement qu'il éprouve pour le service public en général, et en particulier pour le service public d'éducation (sexuelle) auquel il est profondément attaché depuis de nombreuses années, au vu de la tournure des événements, le Professeur a le regret de vous informer que, jusqu'à plus ample informé, le cours Chauder devient un cours privé. Les cours auront lieu dorénavant à huis clos.

Il prie les nombreux auditeurs, libres ou non, de bien vouloir l'excuser pour cette interruption momentanée de ses leçons et les laisse, en souvenir provisoire de ces moments fort agréables passés ensemble, méditer cette citation:


Un con n'est jamais qu'un con,
Quand on bande, tout est bon.​
 
J'aime, ô pâle beauté, tes sourcils surbaissés,
D'où semblent couler des ténèbres;
Tes yeux, quoique très-noirs, m'inspirent des pensers
Qui ne sont pas du tout funèbres.
Tes yeux, qui sont d'accord avec tes noirs cheveux,
Avec ta crinière élastique,
Tes yeux, languissamment, me disent: «Si tu veux,
Amant de la muse plastique,
Suivre l'espoir qu'en toi nous avons excité,
Et tous les goûts que tu professes,
Tu pourras constater notre véracité
Depuis le nombril jusqu'aux fesses;
Tu trouveras au bout de deux beaux seins bien lourds,
Deux larges médailles de bronze,
Et sous un ventre uni, doux comme du velours,
Bistré comme la peau d'un bonze,
Une riche toison qui, vraiment, est la soeur
De cette énorme chevelure,
Souple et frisée, et qui t'égale en épaisseur,
Nuit sans étoiles, Nuit obscure!»​

Baudelaire, plutôt que moi, pour vous dire à quel point vous me manquez....
 
Je crois aux miracles
Douglas Gordon​


Douglas Gordon est un con
Moi
 
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~ pour elle, qui d’autre ?

Et me voici rendu au 1 000e message…. 1 000 messages en trois ans, avec des départs foudroyants, des absences, des envies de retour, des faux adieux…
La vie, simplement.

Une succession de jours. Des jours de pluie. Des jours de soleil. Des jours moroses sans tristesse, sans bonheur ni haine, juste des jours de rien….
La vie, simplement.

Des rencontres. Des rêves. Des déceptions. Des amours. Des espoirs. Des séparations. Des souvenirs….
La vie, tout simplement.

Et puis… au bout du chemin…
La nouvelle vie, simplement.
 
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